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[Harmonie Communale - lettre #18] Retour de Strasbourg : bonheurs de jeu et crise de création

Cher·e·s ami·e·s Nous rentrons de quinze jours à Strasbourg où l'université, à laquelle nous sommes associés pour la deuxième saison consécutive, nous a conviés à jouer trois de nos spectacles dans une salle tout juste sortie de terre : Olivier Masson doit-il mourir ? puis La Peur la semaine dernière, et L'Affaire Correra cette semaine. Bonheur de constater que des spectateurs se fidélisent d'un spectacle à l'autre ; qu'ils construisent des liens, saisissent des résonances. Cette intuition que nous avons depuis longtemps, que nos spectacles s'augmentent d'être vus en groupe, c'est la première fois qu'un lieu nous offre la possibilité de le vérifier, sur une période courte. Et ça marche, je crois, d'après ce que nous ont dit les spectateurs strasbourgeois que nous voyons venir. La mosaïque formée par ces récits vaut davantage que la somme des pièces qui la composent. De plus en plus, j'ai envie d'assumer le fait que nous sommes une compagnie qui propose, davantage que des pièces autonomes qui chacune aurait sa durée d'exploitation finie, un univers de fiction se déclinant en plusieurs œuvres. Il me semble même qu'il y a là une réponse possible au problème de fréquentation que vivent les théâtres, surtout depuis la pandémie. On dit souvent que le théâtre a un problème de renouvellement de son public, que les jeunes y viennent peu, qu'il est réservé à une certaine niche sociologique. C'est globalement indéniable. Mais localement, sur une série de représentations, on peut faire mentir ces statistiques : cela suppose un travail profondément ancré. À Lyon, nous constatons que nos salles sont pleines et que la diversité des activités de la compagnie amène au théâtre des personnes qui sans cela ne seraient pas venues. En revanche, les dates de tournée sont plus difficiles, et il nous arrive de jouer devant des demi-salles, comme tant de compagnies en ce moment. À quoi bon faire traverser la France à une équipe et un décor pour jouer devant des salles à moitié vides ? Ce que nous avons fait à Strasbourg nous a réconfortés. Plutôt que de venir faire une date unique, nous investissons un lieu pendant un temps, avec trois de nos spectacles. Nous proposons des dispositifs autour, qui permettent de toucher des personnes concernées par les sujets abordés. Nous faisons récit d'une présence dense et protéiforme. Nous avons eu l'impression de rencontrer vraiment certains spectateurs ; nous avons entendu plusieurs d'entre eux construire des liens entre les pièces auxquelles nous n'avions pas pensé. Les spectateurs semblaient heureux de retrouver des acteurs d'une pièce à l'autre, mais aussi d'en découvrir de nouveaux. Tout ceci me conforte dans l'idée de faire des pièces légères techniquement, qui se montent rapidement, prennent peu de place dans le camion. Outre que cela répond à des considérations écologiques, cela permet une souplesse qui nous rapproche d'un certain fantasme de troupe itinérante, prête à dégainer n'importe lequel de ses spectacles, où qu'elle soit. Sylvain Diaz, qui nous a programmés à Strasbourg, est le premier à nous avoir permis de faire trois de nos spectacles resserrés dans le temps. C'est une chose que nous suggérons de plus en plus aux programmateurs. À partir de l'an prochain, le TNP nous proposera de décliner cette idée sous une autre forme, particulièrement excitante. Il sera temps d'en parler dans la prochaine lettre. Ce qui m'a profondément réjoui aussi, pendant ces deux semaines strasbourgeoises, c'est de sentir à quel point ces trois spectacles sont encore en travail. Nous avons joué une quarantaine de fois Olivier Masson, et près d'une vingtaine de fois chacun Correra et La Peur. Et pourtant, nous les retouchons encore. J'en ajuste le texte, nous corrigeons des approximations, notre retravaillons le rythme. Des coupes que j'ai suggérées dans Masson aèrent la pièce et font apparaître des nuances qui n'apparaissaient pas autrefois. Un nouvel effet scénique imaginé par Jérôme dans Correra permet un épilogue beaucoup plus saisissant. Nos expériences de jeu hors-les-murs influencent le retour au plateau et nous interrogent sans cesse sur notre justesse. Tout ceci est bien stimulant ; je serais malheureux de sentir que l'un de ces spectacles se fixe à jamais, se sclérose. L'exigence de mes camarades et leur implication forte empêchent toute cristallisation définitive. Nous sommes souvent satisfaits des représentations, mais toujours persuadés qu'il est possible d'aller plus loin. Peut-être mon inexpérience du théâtre me fait-elle m'émerveiller d'une chose parfaitement banale : au fond, je suis en train de découvrir à quel point nous pratiquons un art vivant. Les trois représentations strasbourgeoises ont été précédées et suivies de rencontres et de représentations hors-les-murs, chacun de ces spectacles disposant de sa déclinaison légère. Pour L'Affaire Correra, cette dimension a été pensée dès le départ, le spectacle ayant d'abord existé sous la forme d'un feuilleton de fiction que nous proposions dans tous les lieux de sociabilité de La Duchère, où nous étions en résidence, et dont j'écrivais chaque épisode après que nous avions beaucoup joué le précédent. Cette modalité de théâtre nous a tellement plu, elle a tellement fait envie à certains de nos camarades des autres spectacles, que nous avons résolu d'imaginer pour chacun de nos projets une manière de faire du théâtre ailleurs que dans les salles de théâtre. Pour Olivier Masson, c'est lors du confinement de l'année dernière que nous en avons défini la formule : puisque les théâtres étaient fermés, nous irions à la rencontre de spectateurs isolés, en proposant la première heure du spectacle, sans lumière, sans décor, sans costume. Cinq acteurs, cinq chaises, du texte, de l'engagement dans le jeu : la première moitié d'Olivier Masson est la plus argumentative, elle déploie un arc de pensée déjà complet, qui permet ensuite des échanges féconds avec nos spectateurs du jour. La semaine dernière, dans un lycée strasbourgeois, nous avons vécu des échanges étonnants avec les élèves qui nous avaient accueillis. Leur prof était remarquable ; nous sommes depuis en correspondance, il m'a fait l'amitié de me confier un essai qu'il a écrit sans le faire publier ; encore une rencontre forte avec un prof, toujours ce sentiment d'admiration face à leur engagement. Nous leur rendrons justice dans un prochain projet. Quant à La Peur, nous avons inauguré à Strasbourg son dispositif léger. La Peur « à la table » Cette fois, il ne s'agit pas d'épisodes ou de la première heure du spectacle : nous avons proposé de jouer la pièce entière. Mais de la jouer à destination d'un public choisi, dont nous savons la proximité avec le sujet que nous traitons : des prêtres, des séminaristes, des paroissiens, des théologiens, des membres d'associations de victimes de l’Église... Nous disposons le public derrière des tables formant un grand carré. Nous travaillons sans technique, avec l'éclairage de la salle. Les spectateurs se voient mutuellement réagir. Les comédiens jouent d'abord depuis leur position autour du grand carré de tables. Progressivement ils se lèvent, investissent l'espace central, se prennent à partie d'un bout à l'autre de l'espace, recréent de manière éphémère un morceau de décor réaliste au coin d'une table, puis repassent à une théâtralité très abstraite. Le jeudi 3 mars, c'était le premier essai de ce dispositif que nous avions rêvé sans encore le mettre en œuvre. Nous avions réuni un public test, prévenu de ce qu'il verrait. Sept prêtres, une religieuse, une théologienne, le doyen de la faculté théologique de Strasbourg, deux personnes victimes de l’Église, un frère dominicain ; petite assemblée complétée par Amandine, formidable étudiante en théâtre qui a organisé notre séjour strasbourgeois, par Nicolas et Pauline, de l'Harmonie Communale, et par notre ami James Alison, le prêtre et théologien qui m'a inspiré cette pièce et qui en est devenu le parrain, venu spécialement de Madrid pour l'occasion. Cette séance a été bouleversante. Bien entendu, le spectacle était autant sur les visages des auditeurs que dans le jeu des acteurs. Peu à peu, sous les yeux de ces hommes d’Église, se déployait l'histoire du père Guérin : ses mensonges, ses errances, ses grandeurs. Récit dont il faut passer chaque étape comme une épreuve, et qui ne peut aboutir à la libération finale qu'à la faveur d'une brisure intérieure sans retour, celle qui voit mourir l'ancien moi, refuge de nos lâchetés et de nos compromissions. James qualifie la pièce de « bain de vérité » : elle se veut un acte de révélation. Le dispositif de jeu proposé jeudi dernier complète le geste de transparence et l'étend à l'auditoire. Personne ne peut se réfugier dans la sécurité de la salle noire, dans la passivité du spectateur. Chacun voit les autres réagir, et se sait vu ; terrible inconfort de notre proposition, dont nous craignions qu'elle soit violente, insoutenable. Lors de la deuxième scène de l'évêque dans la pièce, j'ai vu l'un de nos auditeurs se congestionner, retenant ses larmes, devenant tout rouge. Avec un courage inouï, les acteurs sortaient les plus violentes de leurs répliques en voyant l'effet qu'elles produisaient sur les spectateurs. Chacun était pleinement avec tous les autres, mais dans le même temps profondément en soi-même, m'a-t-il semblé. Peu à peu, la salle se chargeait de douleur ; les acteurs la prenaient en charge, l'intégraient à leur jeu ; parfois, de vifs éclats d'incarnation figeaient les auditeurs, sidérés d'assister à de tels échanges, presque gênés d'en être trop proches, le feu de la mimesis chauffant leurs joues. À d'autres moments, la pièce offrait des accalmies, et plutôt que de scruter Arthur les spectateurs semblaient entrer en eux-mêmes, comme si chacun interprétait en lui la partition intérieure déployée par la pièce – ou plutôt, se laissait interpréter par elle. Alors que la version « salle » est une pièce s'organisant autour d'une figure unique, qui nous suspend au souffle d'Arthur, la version « assemblée » de jeudi dernier diffuse bien davantage les regards et les échanges ; elle est au fond plus collective. Il s'agit de vivre le parcours plutôt que de le voir, et la pièce s'augmente de ces myriades de résonances, chacune singulière, qui font briller certains yeux. Au centre de l'assemblée, Arthur s'offre comme coupable et victime à la fois ; de ces hommes d’Église graves et blessés, il est le représentant mais aussi le pharmakon – remède et poison, révélateur des secrets de tous et occasion de catharsis. Après la représentation, nous avons discuté longuement avec nos spectateurs du jour. Bien des choses personnelles sont sorties, que nous n'aurions pas osé solliciter. Nous avons été effarés par la souffrance que nous entendions. Le soir même, autour d'une bière sur une terrasse strasbourgeoise, nous avions un profond sentiment de satisfaction. L'un de ceux qu'on n'a pas si souvent. Le sentiment d'avoir fait notre travail. Le sentiment que le théâtre avait permis une chose qui n'a pas d'équivalent. Et une hâte : le refaire. Se dire que cette pièce peut se découvrir de deux manières, dont aucune n'est inféodée à l'autre. Retour au jeu À Strasbourg, pendant dix jours, je me suis remis à jouer. À l'exception de quatre dates en décembre, je n'avais pour ainsi dire pas joué depuis des mois. Or ça me fait un bien fou, de jouer. C'est un étonnement pour moi, qui ne me considère toujours pas acteur. Mais je le constate. Je suis mieux dans ma peau quand je joue. Je ne sais pas bien quoi faire de cette information. Puisque vos retours m'y encouragent, permettez-moi de continuer à faire de ces lettres une sorte de journal ouvert et de m'aventurer sur des terrains plus personnels (que ceux que cela n'intéresse pas ne lisent pas la suite, qui sera essentiellement introspective). Être un écrivain de théâtre qui joue dans ses propres pièces oblige à une curieuse proximité avec ce que l'on a écrit dans le passé. Autrefois, quand je réalisais des films, je m'en détachais instantanément une fois qu'ils étaient achevés, au point que j'avais du mal à les assumer en festival. L'objet était inerte, mort. Au mieux, je revoyais certains de mes films avec une affection pour les personnes que j'y avais filmées. Au pire, j'en avais honte comme d'une vieille sottise. Jamais je ne me sentais concerné au présent par ces œuvres. C'était quelqu'un d'autre qui les avait faites, une personne que je ne serais jamais plus. Il en a été de même l'an dernier quand j'ai publié mon roman aux Éditions du Rocher : roman déjà ancien, et qui me semble avoir été écrit par une personne qui n'est plus moi. Il ne peut en aller de même avec ces œuvres de théâtre dans lesquelles je joue, et qui dans le temps de la représentation redeviennent du présent absolu. En jouant Olivier Masson doit-il mourir ?, je mesure que j'ai écrit cette pièce voici maintenant plus de quatre ans, et que bien des choses se sont déplacées en moi. Et pourtant, je m'en sens aussi solidaire que si je l'avais écrite le mois dernier. En la présentant au public, je dois l'assumer pleinement, sans cela il me serait impossible de la jouer. Je dois en réactualiser le sens en moi, repasser par mes évidences d'il y a quatre ans, réinvestir d'une signification nouvelle certains passages. L'œuvre reste vivante. Elle dresse un pont entre des époques de moi-même. Elle m'apprend qui je fus. Elle me réconcilie avec des périodes que j'aurais peut-être, sans cela, regardées de haut, plein de l'arrogance que nos moi du présent manifestent souvent à l'égard de leurs avatars révolus. Ces mots sont une partition intime ; en repasser par eux m'informe sur moi-même : mon état de forme, mon écart à celui que j'étais la dernière fois que je m'en suis laissé traverser. À Strasbourg, j'ai investi le rôle du professeur Jérôme – mon rôle principal dans Olivier Masson... – avec une épaisseur que je n'avais pas voici deux ans ; le rôle était à l'époque taillé un peu grand pour moi, j'y flottais comme un enfant dans le pantalon de son père. À présent, alors que j'approche des quarante ans, je ne me sens plus déguisé dans ce rôle. Est-ce que le fait de jouer mes propres mots m'oblige à leur rester fidèle et donc, d'une certaine manière, m'interdit d'évoluer ? Ou bien ces mots tracent-ils la possibilité d'une constante en moi, qu'il m'appartient de toujours réinterpréter ? Je penche pour cette deuxième option. Je crois qu'il y a même quelque chose de thérapeutique dans cette pratique privilégiée qui consiste à jouer ses propres textes, à plusieurs années de distance. À tel point que je commence à me demander si je ne dois pas remettre en cause ma décision de ne pas jouer dans les prochaines créations de la compagnie et de me faire remplacer dans les pièces où je joue. J'ai pris cette décision parce que les tournées sont difficilement compatibles avec ma situation familiale, mais aussi pour me redonner le temps de l'écriture. Mais est-ce que je ne risque pas de me priver d'une pratique qui m'est devenue essentielle ? Ces jours-ci, après des mois sans représentations, je sens à quel point le retour au jeu me nettoie. Me met au présent. Me met avec les autres aussi, au diapason de mes camarades et du monde. Étrange impression de me sentir à ma place quand je joue. Une représentation – qu'elle soit en salle ou hors-les-murs – dépose en moi une joie qui met du temps à se dissiper et dont je ressens longtemps les effets. Je ne me l'étais pas formulé avant mais c'est une évidence : ça m'avait manqué, et ça me fait du bien. Une crise de création Car autant le dire, je suis arrivé à Strasbourg dans un état de forme tout relatif. Depuis ma lettre très sombre de début janvier, à laquelle beaucoup d'entre vous m'avaient fait l'amitié de réagir, je sens que je ne suis pas sorti de ce qu'il convient d'appeler, peut-être, une crise. Une crise de création, entre autres : pour la première fois depuis des années, je n'ai pas de pièce en route, pas d'impulsion d'écriture, comme si j'avais tari la source en y puisant trop souvent. Rien d'anormal sans doute. Peut-être même est-ce une bonne nouvelle. J'ai beaucoup écrit ces dernières années, sur commande notamment, et peut-être y avait-il dans cette productivité le risque d'une perte de sincérité, d'une forme d'habileté qui aurait pris le relais de l'authenticité. Et puis, c'est comme si à force d'écrire – à force aussi qu'on me propose d'écrire des pièces à la manière de ce qu'on me pensait capable de réussir – j'avais oublié ce qui constitue souvent l'objet principal de mes histoires. On insiste parfois, en parlant de mes pièces, sur leur aspect dialectique, leur capacité à faire entendre tous les points de vue. Mais je m'en rends compte en les rejouant, c'est là le moyen d'atteindre autre chose. Il est possible qu'à trop écrire j'aie pu être tenté de prendre le moyen pour la fin. Mes pièces que je trouve les plus réussies, bien qu'assez bavardes, volontiers rhétoriques, ont comme cœur caché une parole plus profonde, faite de silence davantage que de mots, et que seul autorise l'édifice de parole qui l'enrobe. Ainsi la pièce Olivier Masson... empile-t-elle des arguments qui peu à peu s'épuisent et permettent l'avènement d'une parole d'un autre ordre – parole par laquelle j'ai commencé à écrire la pièce et qui en constitue le battement secret, ces messages qu'Avram adresse à la mère et à l'épouse d'Olivier Masson dans une sorte de saisissement chamanique. Une parole qui fait vaciller la raison, et qui ne peut émouvoir qu'une fois les raisons défaites, les opinions épuisées, les certitudes fragilisées. La Crèche, La Peur ou l'Affaire Correra, bien que très différentes, travaillent aussi à l'émergence d'une parole qui fait rupture : une parole dont la simplicité et la frontalité ne sont recevables qu'à l'issue du parcours dialectique que la pièce a proposé au spectateur, mais qui n'en est pas la finalité. Comme si ces récits travaillaient à l'émergence d'une parole qui les déborde. J'écris dans la langue du monde. Je ne suis pas un poète, je crois. Je ne suis pas de ceux dont la langue fait une percée au monde. Je n'invente pas ma langue. Mais d'une certaine manière, cette langue qui est celle du langage courant, des discours creux et des opinions péremptoires, je l'épuise – et c'est de son épuisement même que naît autre chose. Mon habileté à manier ces langages, j'espère la retourner contre elle-même, travailler à mettre en échec cette langue souveraine qui sait tout dire mais à qui l'essentiel échappe. Eh bien ce dont je suis menacé, en ce moment, c'est que cette habileté devienne à elle-même sa propre fin. J'ai des idées de pièces. J'essaie de les écrire. Je sens que je saurais les écrire. Mais je suis pris d'une sorte de nausée à l'idée de produire un nouvel édifice de mots opaques, inaccessible à son propre dépassement. Crise de création donc. Ce n'est peut-être pas si grave, mais ça ne m'est pas arrivé depuis que j'écris du théâtre, et jusqu'il y a peu, je ne le vivais pas de manière très sereine. Mais on dirait que Strasbourg m'a apaisé. De longues discussions avec Arthur aussi, dont les avis sont très fins. Alors j'ai résolu de prendre ce tarissement comme une bonne nouvelle. Il sera temps, plus tard, de comprendre de quoi il est le signe. Cette semaine, nous poursuivrons une aventure passionnante, entamée depuis quelque temps : la déclinaison en dispositifs de théâtres autonomes de nos tableaux de Échos de la Fabrique (La révolte des Canuts) : nos dizaines d'amateurs et d'amatrices se sont autonomisées et conçoivent l'adaptation tout-terrain de certains passages du spectacle, que nous proposons dans des contextes particuliers. Le 8 mars, les ovalistes se produisaient à Saint-Fons, dans le cadre de la Journée des Droits des Femmes (j'étais malheureusement à Strasbourg). Ce jeudi soir, nous jouerons l'Assemblée Générale des Mutuellistes (le tableau nommé « Orcières » dans le spectacle) à la Maison de l'Écologie. Du théâtre immersif, d'intervention, se réclamant explicitement de l'Éducation Populaire. J'en rendrai compte ici. Enfin, trois rendez-vous importants pour la compagnie en cette fin de mars. Le 25 mars, celles et ceux d'entre vous qui n'ont pas encore vu La Peur pourront venir le découvrir à Saint-Fons, au théâtre Jean-Marais. Le lendemain, à 14h au théâtre des Célestins, vous êtes conviés à une conférence d'Alain Cottereau, dans le cadre de notre projet sur les Canuts, organisée par Sabine Collardey : ça promet d'être passionnant. Et toujours le 26 mars, à 17h30, je propose dans le cadre de mon ciné-club à La Mouche, à Saint-Genis-Laval, la projection du film Avant la fin de l'été de Maryam Goormaghtigh, formidable réalisatrice, qui sera présente. Je vous remercie d'être nombreux à venir : vous ne le regretterez pas ! Enfin, à partir du 6 avril, ce sera la reprise de L'Affaire Correra au TNP. Mais je vous en reparlerai dans une prochaine lettre.


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